Malgré son échec relatif aux élections municipales de mars et juin 2020, le Rassemblement national (RN) et ses thèses populistes ancrées à l’extrême droite, continue de progresser dans les esprits. Deux villes en déshérence sociale ont élu deux maires proches de l’extrême droite, sans se réclamer du RN. À Perpignan, Louis Aliot, ex-numéro deux du Rassemblement national, autrefois proche de Jean-Marie Le Pen, a été élu maire de Perpignan dans une atmosphère de renoncement et une quasi-indifférence tant l’événement était attendu. À Béziers, l’ex-journaliste Robert Ménard a été réélu au premier tour avec près de 69 % des voix en marginalisant ses oppositions et en monopolisant le discours public, malgré ses outrances et des clignotants au rouge en matière de chômage et de pauvreté. Traits communs à ces deux personnalités, l’une en apparence débonnaire, l’autre plus clivante, la défense de l’Algérie française. Hacène Belmessous, chercheur indépendant, spécialiste des questions urbaines et des politiques municipales du Rassemblement national, s’est rendu à Perpignan et à Béziers. Il a enquêté auprès de militants associatifs, d’acteurs de terrain impliqués dans le milieu social, pour comprendre pourquoi ces deux villes ont abandonné le vivre-ensemble au profit d’un entre-soi qui pourrait s’avérer dévastateur.